Le diagnostic de Mr Route du Tour, étape 19
Les fous furieux qui souhaiteraient un Tour construit uniquement autour de cols hors catégorie et de sommets vertigineux vont en avoir pour leur argent. 4400 mètres de dénivelé positif, le toit du Tour, la route la plus haute d’Europe, le descriptif donne le tournis et le profil fait mal aux mollets rien qu’en feuilletant les pages du Livre de Route, la sacro-sainte Bible de tout suiveur assidu. Sur cette étape ramassée et aussi courte (144,6 km) que haute (2802 mètres), les Alpes seront à l’honneur, tantôt Hautes, tantôt dites de Provence et enfin Maritimes.
Combo gagnant ! Le matin au Village départ, le suiveur, sagace et perspicace, soufflant sur son écocup de café officiel fumant, bob vichy rouge désormais à carreaux plus larges mais inclinés de 3 degrés (subtilité de communicant en mal d’improbable originalité) glosera à qui mieux-mieux sur le tiercé de la journée. Qu’il soit Slovène, Danois ou Belge, voire même Espagnol, le vainqueur du jour sera un géant des cimes. Espérons simplement que l’étape dite reine ne se termine pas en eau de boudin et que les neiges éternelles n’accouchent pas d’une marmotte sous tranquillisant. Car souvent à se tenir par la barbichette, les coups de Hautes-Alpes (05) – Alpes-de-Haute-Provence (04) – Alpes-Maritimes (06) pétard se terminent dans les derniers hectomètres par des attaques qui font pschitt sans vraiment creuser les écarts…
Mais avant de lever sa coupette en l’honneur du vainqueur, il faudra bel et bien s’infuser trois ascensions vertigineuses. 21 kilomètres après le départ, le sprint de Guillestre marquera le début de l’enfer pour les spécialistes du plat. Un seul objectif, terminer dans les délais ! Pour les autres, un premier assaut vers le col de Vars (km 43), un hors catégorie de 18,8 km à 5,7 %, à la pente parfaitement irrégulière entre replat, coups de cul et passages plus doux. La descente sera rapide et technique avec quelques lacets à bien négocier pour aborder le toit du Tour, hors catégorie, il va de soi, la Cime de la Bonnette, au km 88. 22 bornes à 6,9 %, régulières jusqu’à deux tiers de la pente, pour se cabrer au sommet avec des passages à plus de 10 %. Tout là-haut, à plus de 2800 mètres, le fond de l’air est aussi frais que l’oxygène est rare. Gare aux défaillances dans ce paysage sublime, à couper le souffle, sans la moindre végétation, où la roche règne en maîtresse. La suite se composera d’une très longue descente de quarante kilomètres pour affronter la dernière grimpette de l’étape, la montée en 1ère catégorie vers la station d’Isola 2000 et ses 16 km à 7,1 %. Etape d’anthologie, vainqueur hors catégorie ! Pour Gros Léon, loin de ses Vosges natales, turbo plein gaz et balai plein pot pour chasser les gravillons, comme toujours en montagne.
Vendredi 19 juillet – Etape 19 – Embrun / Isola 200 (145 km)