Un p’tit truc à vous dire – Foncez jeunesse !
Les jeunes prennent le pouvoir dans le sport français ! Des frères Alexis et Félix Lebrun, nouveaux rois européens du tennis de table, aux talents précoces de la Ligue 1 et du Top 14, une génération audacieuse et talentueuse est en train de bousculer les hiérarchies. Dans sa chronique « Un p’tit truc à vous dire », Étienne Bonamy revient sur cette vague de fraîcheur qui redonne espoir, énergie et fierté au sport tricolore.
🎙 Un p’tit truc à vous dire – par Étienne Bonamy
FONCEZ JEUNESSE !
La performance des frères Lebrun en tennis de table mais aussi de multiples talents français dans les sports collectifs et individuels donne un coup de jeunes au sport tricolore. A consommer sans modération.
Je vais vous parler d’un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas ne pas connaître : l’année 1998. L’an de grâce du sport français. Inoubliable, non? On croit tout savoir de l’histoire du rendez-vous de cette fin de siècle, les héros, les souvenirs, etc. Alors ? Que faisiez-vous le 3 mai 1998? Oui le 3 mai, pas le 12 juillet…
Un trou de mémoire? On sèche? Pardonné. Ce dimanche-là, à Eindhoven, l’équipe de France de tennis de table masculine remportait le titre européen, son 3ème à inscrire au palmarès tricolore. Les cinq «Mousquetaires» de la petite balle blanche s’appelaient Eloi, Chatelain, Gatien, Chila et Varin. Après 1984 et 1994, le ping français régnait sur le continent. Avec l’argent des JO 1992 et l’or du Mondial 1993, trois autres breloques en double aux championnats du monde et aux Jeux de Sydney, Jean-Philippe Gatien s’invitait au plus haut. Il allait avoir 30 ans. Il ignorait qu’il allait devoir, et ses complices avec lui, patienter presque trois décennies pour revoir une équipe de France capable de dominer l’Europe.
Alexis et Félix Lebrun, accompagnés de Simon Gauzy, ont mis fin à l’impatience. Logiquement, superbement. En remportant le 19 octobre le titre européen à Zadar (Croatie) devant la Roumanie, le trio, à l’instar de ses aînés, a renversé la table. Mais quand Gatien, 30 ans, et les siens gagnaient, ils avaient éprouvé des saisons durant leurs talents. Aujourd’hui, Alexis et Félix (22 et 19 ans) ont le succès insolent. Simon Gauzy, le trentenaire, ne dépareille pas dans la débauche d’activité de cette jeunesse du «ping» français qui repousse les limites.
La success-story des frères Lebrun n’est pas un mirage. Mieux encore, elle pousse à regarder dans d’autres disciplines ce coup de jeune dont le sport français semble apprécier l’effet. Comparaison n’est pas raison, mais c’est toujours amusant d’aller voir chez le voisin ce qui se passe.
Pas besoin de chercher très loin. En digérant le passionnant Paris SG – Strasbourg (3-3), j’ai lu le lendemain dans L’Equipe que la formation alsacienne affichait une moyenne d’âge de 20,9 ans, la plus jeune de Ligue 1 juste devant… le Paris SG. Pareil statistique avait également marqué avec l’irruption dans les Bleus de Didier Deschamps d’une bande de jeunes surdoués – la plus jeune du continent – que pas grand-chose n’effraie. En choisissant de pousser l’investigation – le grand mot – plus loin, je suis tombé sur le même constat dans l’élite du rugby pro, le Top 14. On y repère des talents qui n’ont pas 20 ans. Le CV de Fabien Brau-Boirie, le trois-quarts centre de Pau, âgé encore de 19 ans, ne dépareille pas à côté de son compère de la ligne arrière paloise, Emilien Gailleton, 22 ans. La paire de «centres» la plus jeune du Top 14 n’est surement pas étrangère à la présence de la Section Paloise en tête du championnat.
Il serait rigolo de poursuivre l’énumération de la liste des talents précoces. Selon un théorème qui n’appartient qu’à moi, je dirais que tout espoir plongé dans un environnement hostile subit de la part de celui-ci une poussée qui le propulse au sommet. Et hop, tout là-haut. Les frères Lebrun, Fabien Brau-Boirie, Désiré Doué ou Ibrahim Mbaye – qui avait démarré avec le PSG à 16 ans l’été 2024, et bien d’autres encore – je n’oublie pas l’extra-terrestre Victor Wembanyama – tous disent une jeunesse française. Un mélange de «made in France» et de «touche à tout». La France n’est pas encore une nation sportive, on le constate, mais elle raffole toujours d’aller se mesurer un peu partout. Aux Jeux, il y a du bleu partout, dans – presque – toutes les disciplines quand de grands voisins comme l’Espagne, l’Italie ou l’Allemagne concentrent leurs efforts sur quelques sports. A chacun sa méthode.
Puisque Pierre de Coubertin, qui n’était pas si jeune quand il a présidé à la relance des Jeux Olympiques en 1894 et pas si vieux quand il a rendu les clés du bureau présidentiel en 1925, n’a jamais prononcé la célèbre phrase : «L’important c’est de participer», j’aimerais conclure avec une belle histoire qui n’a pas d’âge.
Jean-Paul Boudeville, surnommé «Papy Pong», faisait le sien quand il est décédé à 102 ans en 2020. Un peu plus tôt, il avait fêté son centenaire à Beaumont-sur-Oise (Val d’Oise) en continuant de jouer au tennis de table avec son club puisqu’il était le plus vieux licencié de la fédération. Papy Pong est parti avant d’apprécier les exploits des jeunes frères de Montpellier. Il aurait aimé. Sur que dans son club, qu’il avait créé en 1986, il a vu défiler des générations de joueurs. Le sport ça conserve. Ses parents qui lui avaient offert une raquette et une table de ping-pong en… 1928, ont vu juste. Allez roulez jeunesse, l’avenir vous appartient. La suite, il sera toujours temps de l’écrire.
📌 FAQ – Le renouveau du sport français
🏓 Qui sont les frères Lebrun ?
Alexis et Félix Lebrun, originaires de Montpellier, sont les nouveaux visages du tennis de table français. Âgés de 22 et 19 ans, ils ont remporté en octobre 2025 le titre européen par équipes à Zadar (Croatie) avec Simon Gauzy, offrant à la France son premier sacre continental depuis 1998.
🏅 Pourquoi parle-t-on d’un « coup de jeune » dans le sport français ?
De nombreux athlètes de moins de 25 ans s’imposent au plus haut niveau : les frères Lebrun en tennis de table, Fabien Brau-Boirie et Émilien Gailleton en rugby, Désiré Doué et Ibrahim Mbaye en football, sans oublier Victor Wembanyama en NBA.
⚽ Quelle est la particularité de la Ligue 1 2025 ?
La moyenne d’âge la plus basse du championnat appartient au RC Strasbourg (20,9 ans), juste devant le Paris SG, confirmant la place croissante des jeunes dans les effectifs.
🧠 Quel message retenir de cette chronique ?
Étienne Bonamy célèbre une jeunesse française talentueuse, ambitieuse et universelle : un mélange d’audace, d’exigence et de plaisir de jouer.
👉 Retrouvez la chronique complète « Un p’tit truc à vous dire » sur RadioSports.fr et suivez l’actualité du sport français, de la relève aux légendes confirmées.