Y aura-t-il de la neige pour Noël ?
À l’ouverture de la saison des sports d’hiver et à quelques semaines des Jeux olympiques Milan–Cortina 2026, les questions climatiques s’invitent au cœur du calendrier. Neige en retard, stations en difficulté, compétitions déplacées ou artificialisées… Dans sa chronique « Un p’tit truc à vous dire », Étienne Bonamy interroge l’avenir du ski, du biathlon et des disciplines alpines face au changement climatique.
🎙 Un p’tit truc à vous dire – par Étienne Bonamy
Y aura-t-il de la neige pour Noël ?
Ski alpin, nordique, acrobatique ou biathlon, les disciplines hivernales entament leur saison. Le rendez-vous olympique à Milan Cortina en février aiguise les paris sportifs. Les conditions climatiques attisent les inquiétudes.
Un confrère, il y a une vingtaine d’années, sortait sa rengaine dans la rédaction à chaque automne quand on reparlait sports d’hiver : « Neige en novembre, Noël en décembre, les gars ». Jamais lassé de son effet, il énumérait ensuite le calendrier de la saison de ski qui allait s’ouvrir. Le géant sur le glacier de Sölden déjà fin octobre, les premiers slaloms, la tournée nord-américaine, bientôt le Critérium de la Première neige à Val d’Isère début décembre. Tout un cirque en route. Le grand blanc en scène, ses équilibristes, ses trompe-la-mort. En avant !
Le cirque tourne invariablement dans le même sens autour de la planète d’octobre à mars depuis des décennies, avec toujours plus de représentations et autant d’artistes des pentes vertigineuses et murs verglacés. Tout tombe juste, sauf peut-être la neige désormais. En regardant les premiers slaloms de Coupe du monde à Levi (Finlande) ce week-end de mi-novembre sur la piste enneigée de Laponie, elle était pourtant là. Elle sera aussi au rendez-vous à Gurgl (Autriche) la semaine suivante, puis dans les montagnes rocheuses américaines où garçons et filles vont voyager. De la neige glacée partout pourvu qu’il y ait de la pente à dévaler, l’effet est-il trompeur ?
Le matin du slalom de Levi, sur France-Info, un reportage sur le manque de neige qui menace le futur des stations de sports d’hiver a entretenu le doute. Un de plus. Les chiffres tombent comme une avalanche : 180 installations de station à l’arrêt en moins de 30 ans, des « professionnels de la montagne », comme on les appelle, qui ne taisent plus leurs craintes. Et un dérèglement climatique qui jette un froid mais réchauffe le sol. Des débuts de saison qui reculent et des offices de tourisme qui se penchent sur la programmation d’activités sportives de remplacement au cas où… Dans un peu plus d’un mois c’est Noël et la météo c’est pas cadeau.
Ce qui menace la pratique loisirs du ski peut-il se comparer à l’implacable rigueur des compétitions de la Fédération internationale (FIS)? Oui. Au passage des slalomeuses et slalomeurs de Levi concentrés sur le chemin le plus court entre bâtons bleus et rouges, la réalité pourrait dire autre chose. En voyant le grand Clément national prendre déjà la deuxième place de l’épreuve, lui le champion olympique 2022 à Pékin, je me suis demandé s’il y aurait toujours de la neige pour ce Noël joyeux d’être la référence française de sa discipline?
À un petit trimestre de l’ouverture des Jeux d’hiver à Cortina (2026), qui ne s’interroge pas sur le futur des disciplines alpines? Que restera-t-il bientôt sur les pentes pour organiser les grandes compétitions dans des conditions d’enneigement décentes sans recourir aux méthodes artificielles jugées dangereuses écologiquement? Dans un peu plus de quatre ans les épreuves olympiques de l’organisation Alpes Françaises 2030 vont-elles pâtir du changement? Et demain, toujours autant de courses? Faudra-t-il prendre des départs en très haute altitude? Raccourcir les saisons?
Paradoxalement, c’est en ce moment que le CIO et le comité d’organisation français réfléchissent au choix des sports additionnels qui figureront au programme des Jeux 2030. On évoque le cyclo-cross, le cross-country, soit le vélo et l’athlétisme… Les plus inventifs laissent penser que le ski roulettes – pratiqué l’été – pourrait toujours suppléer à l’absence de tapis blanc naturel pour le biathlon. Le climat change, les temps aussi…
Coïncidence ou pas, au même moment, dans la moiteur amazonienne de Bélem, au nord du Brésil où il ne neige jamais, les participants à la COP 30 dissertent sur les mesures à prendre pour s’adapter au changement climatique. Les grandes institutions sportives ont séché l’invitation à la COP 30, le sport a déclaré forfait. Triste constat quand il y a urgence. En Arabie Saoudite, le complexe sportif pour accueillir les Jeux d’hiver asiatiques 2029 est en plein chantier sur le massif montagneux au milieu du désert. Coûte que coûte. Ce ne sera pas très loin de Dubaï et son ski dôme où la FIS organise déjà des compétitions indoor. Qu’importe la façon de skier pourvu qu’on ait l’ivresse des sommets, même artificiels. C’est la fuite en avant sur la piste mais en bas il y a tout à perdre.
On peut se poser raisonnablement la question : La neige naturelle tombera-t-elle toujours pour Noël et ses collègues de la Coupe du monde ?
📌 FAQ – Ski, climat et saisons d’hiver
❄️ La neige de début de saison est-elle en baisse ?
De nombreux rapports évoquent une réduction de l’enneigement naturel en Europe depuis plusieurs décennies, avec des débuts de saison plus tardifs.
🎿 Pourquoi certaines stations sont-elles en difficulté ?
En France, environ 180 installations sont à l’arrêt depuis 30 ans en raison du manque de neige, du coût de fonctionnement ou de l’évolution climatique.
🏔 Les compétitions internationales sont-elles impactées ?
Certaines épreuves doivent être déplacées, reprogrammées ou artificialisées, ce qui interroge sur la capacité à maintenir un calendrier stable à long terme.
🌡 Le changement climatique menace-t-il les JO d’hiver futurs ?
Les sites hôtes doivent déjà s’adapter : altitudes plus élevées, neige artificielle, choix de nouvelles disciplines… La question de la viabilité à long terme se pose.
🏅 Le ski roulettes peut-il remplacer certaines disciplines ?
Le ski-roue est utilisé pour l’entraînement d’été, notamment en biathlon, mais il ne remplace pas la compétition hivernale, qui nécessite un environnement enneigé.
