L’ARGENTINE EN OUTSIDER
Les 60 000 spectateurs du stade Vélodrome de Marseille vont assister à un drôle de quart de finale ce samedi (17 heures). L’affiche entre Gallois et Pumas n’est pas une première en Coupe du monde mais elle reste insolite au vu du parcours des deux sélections dans les phases de poule.
Face à face au Mondial en 1991 et 1999, la victoire est toujours revenue au XV britannique. L’ultime affrontement entre les deux sélections a également tourné à l’avantage des Gallois, vainqueurs chez eux des Argentins en test match (20-13) en novembre 2022. Faut-il y voir un ascendant pris par les Gallois? On rappellera juste qu’avant de battre les Pumas, il y a onze mois, les joueurs de Warren Gatland avaient encaissé 55 points des Blacks et, la semaine suivant leur succès contre les Argentins, ils avaient été battus par la Géorgie. Ce n’était pas du grand Pays de Galles…
Malgré son parcours sans faute en poule, il reste donc mesuré sur ses ambitions. Après un Tournoi des VI nations catastrophique (1 seule victoire) et les test matches amicaux de cet été aussi peu rassurants (1 succès), la confiance n’a pourtant pas abandonné le XV du Poireau.
Warren Gatland, le sélectionneur, avait prévenu au printemps : «Nous allons surprendre pas mal de monde à la Coupe du Monde». Dans sa poule (Fidji, Australie, Portugal et Géorgie), les Gallois ont tout gagné et même passé 40 points aux Australiens. Ils sont à un match d’une participation à une troisième demi-finale mondiale de suite. Dans la même conférence de presse, le sélectionneur néo-zélandais des Gallois a également répondu aux doutes nées autour de son équipe qui aurait bénéficié d’une poule plus facile grâce à un tirage au sort effectué il y a trois ans en fonction des résultats du Mondial 2019.
«Les autres équipes n’avaient qu’à mieux faire lors de la dernière Coupe du monde (le Pays de Galles a atteint les demi-finales, battu par l’Afrique du Sud, 16-19). Ce n’est pas de notre faute si c’est comme ça. Vous ne nous avez jamais entendu nous plaindre en 2015 quand on avait les Fidji, l’Australie et l’Angleterre dans notre groupe. Il faut savoir accepter ce que le sort vous réserve».
Les Argentins en conviennent aussi. Le parcours des hommes au maillot rouge a de quoi susciter la crainte chez les Pumas. L’équipe sud-américaine a raté son entame en étant dominée aisément par l’Angleterre (27-10) avant de se rétablir avec trois victoires, dont l’essentielle face au Japon à Nantes (39-27) dans un véritable 8ème de finale le 8 octobre.
L’Argentine a-t-elle enfin démarré sa Coupe du monde, au point de prétendre à retrouver son rang de nation majeure du rugby? Après l’embellie entre 2007 et 2015 (3ème, quart-de-finaliste et 4ème), les Pumas ont replongé. En 2019, ils ne sont pas sortis des poules. Cette fois, ils ont l’opportunité d’entrer en demi-finale en déjouant le pronostic.
«Le Pays de Galles est favori, c’est difficile de l’ignorer, vu que tout le monde nous le fait remarquer, à l’exception de nos supporters argentins», a raconté Michael Cheika, le sélectionneur en révélant son XV, jeudi. «On a conscience de la nécessité de produire quelque chose de différent pour ce match, quelque chose de spécial. C’est à ce prix qu’on pourra rivaliser avec eux, mais je crois très fort en cette équipe. J’adore ces gars.Ils ont senti les attentes qui pesaient sur eux quand on a couru après la qualification en phase de poules. Je crois qu’ils vont profiter pleinement du match samedi». L’Argentine n’est jamais aussi forte que dans le rôle d’outsider. A elle de le prouver.