TDF2024, étape 9 Regards de Route avec André Bancalà
Parler du Tour de France, c’est évoquer une vieille dame, sage, posée, au regard clair et envoûtant, évoquant avec passion mêlée de nostalgie Maurice Garin sur le seuil du Réveil Matin, du côté de Montgeron, un jour de juillet 1903. Ce sont les étapes de près de 500 bornes, Eugène Christophe, le vieux Gaulois et sa fourche brisée à la forge de Sainte-Marie-de-Campan, les duels entre Poulidor et Anquetil, le Cannibale et le Cav de l’Ile de Man et leurs 34 ou 35 victoires d’étapes, le Blaireau et ses cinq titres sur le Tour, les heures sombres au retour d’Irlande en juillet 1998, et combien d’autres d’exploits d’hier et d’aujourd’hui qui font de cette improbable course de l’époque un monument 111 éditions plus tard. Mais la valeur n’attend pas le nombre des années et la vieille dame s’est sans cesse renouvelée et modernisée. Elle a su se jouer des pièges et transmettre le meilleur en évitant le pire, en s’adaptant aux temps qui changent et aux terrains qui évoluent. Que de chemin parcouru, depuis les routes en terre battue balayées par le vent et la pluie en haut du Tourmalet, jusqu’aux enrobés de nos routes modernes. S’adapter, c’est aussi innover, explorer de nouvelles pistes pour éviter la routine et maintenir intacte la légende. Les deus ex machina du Tour l’ont bien compris. Et leur terrain de jeu est presque sans limites. Passage du Gois façon pêche à pied à Noirmoutier, pavés du Nord à la mode Paris Roubaix, gravel et terre battue au plateau des Glières. Pas vraiment une nouveauté (Paris Tours, Strade Bianche), mais passer sur le Tour de quelques hectomètres à 32 kilomètres… Cette année, en pleine Champagne, le duo magique Prudhomme Gouvenou a décidé de pousser le bouchon encore plus loin. Un secteur long de plus de 4 bornes, 6 chemins dans les 30 derniers kilomètres, des passages en montée à plus de 15 %… Il fallait oser. Cette étape de Troyes à Troyes sera bien entendu propice à toute sorte de commentaires, mais elle devrait réserver quelques bonnes surprises et bien des coups de pétard. Les favoris rouleront sur des œufs, protégés au mieux par leurs équipiers. Les spécialistes du cyclo cross s’en donneront à cœur-joie et passeront une bonne journée à manger de la poussière.
Bien entendu, les chemins seront laissés dans leur jus, à l’image des pavés sur un Roubaix et balisés de piquets et cordages pour contenir les spectateurs en bordure de route.
Fin du premier round du Tour 2024. La journée de repos sera consacrée à nettoyer les matériels et à dépoussiérer les voitures.
Les vendeurs de filtres à air se frottent les mains !