Le diagnostic de Mr Route du Tour, étape 14, Pau – St Lary Soulan (Pla d’adet)
Avec le retour des cimes, la paréidolie est de rigueur. Le suiveur au langage imagé et à l’imagination pas toujours débordante rivalise d’ingéniosité pour calquer sur le profil de l’étape une forme familière. On parlera donc entre Pau et le Pla d’Adet d’un profil en forme de peigne (avec uniquement trois dents), d’une mâchoire, de dents de requin, ou encore d’un toboggan géant. Les images sont fleuries, mais la réalité sera sans doute effroyable pour une bonne partie des coureurs. 4000 mètres de dénivelé positif à s’infuser, avec trois ascensions, dont deux classées hors catégorie… Au départ de Pau, l’étape commencera allegro ma non troppo. La montée sera douce et régulière sur 70 kilomètres jusqu’au sprint d’Esquièze-Sère. Pour les grosses cuisses du peloton, il sera grand temps de se résigner à souffrir pendant plus de 80 bornes. Premier monument de l’étape, le col du Tourmalet, franchi à 85 reprises et pour la première fois en 1910.
Cette année, il sera escaladé par le versant Luz-Saint-Sauveur / Barèges, sur 19 km à 7,4 %. La face choisie est moins rude que par La Mongie. La pente est régulière et ce n’est qu’au sommet, à deux kilomètres de la cime et dans la partie finale que les Pyrénées-Atlantiques (64) – Hautes-Pyrénées (65) pourcentages deviennent plus conséquents (entre 10 et 11 %). Le premier à passer le col touchera la prime de 5000 euros du Souvenir Jacques Goddet, prix décerné depuis 2001 au passage du premier col pyrénéen du Tour (généralement le Tourmalet). La descente sera longue, très longue, tantôt roulante, tantôt plus délicate en traversant les villages aux routes étroites, bosselées et tortueuses dans la vallée. Passage à Sainte-Marie de Campan, devant la statue rappelant l’épopée d’Eugène Christophe et de sa fourche brisée en 1913. Il sera l’heure de reprendre les efforts vers le sommet de la Hourquette d’Ancizan, un col classé en deuxième catégorie, fort de 8,2 km d’ascension à 5,1 % (km 123). Le replat à mi montée permettra aux plus éprouvés de reprendre leur souffle. Coincée entre Le Tourmalet et le Pla d’Adet, la grimpette n’est pas très compliquée et la pente reste acceptable. Il en ira bien autrement avec le dernier morceau de l’étape, l’arrivée en altitude à Saint-Lary-Soulan (km 152). 10,6 km de montée, classée hors catégorie, avec une pente moyenne de 7,9 %. A la différence d’autres cols, c’est au pied de l’ascension que les pourcentages sont les plus violents (entre 9 et 12 % sur les trois premiers kilomètres. Là-haut, le relief s’adoucit. Le vainqueur aura sans doute une pensée affectueuse pour Raymond Poulidor, qui l’avait emporté ici même il y a 50 ans. Il sera grand temps de compter les secondes gagnées et les minutes perdues
