Résumé 15ème étape du TDF 2024 : Tadej Pogacar met (presque) fin à tout suspense, en assommant la concurrence
Comme la veille, ce sont les favoris du Classement Général de ce Tour de France, le 111ème du nom qui se sont joués la victoire, cette fois au sommet du Plateau de Beille, montée mythique de la Grande Boucle. À la différence près que cette fois-ci, ce sont les coéquipiers de Jonas VINGEGAARD, et de la Visma – Lease a Bike qui ont roulé derrière l’échappée toute la journée, afin de tenter de renverser la tendance, en vain. Le Danois s’est fait battre par POGACAR, la deuxième fois en deux jours.
Un coup de massue. Voilà comment on pourrait qualifier la victoire de Tadej POGACAR (UAE Team Emirates), après que celui-ci ait contré Jonas VINGEGAARD (Visma – Lease a Bike) cinq kilomètres après que ce dernier ait tenté de le distancer. Le double vainqueur sortant du Tour, malgré une préparation tronquée, en raison notamment de sa chute sur le Tour du Pays basque, pensait pouvoir rivaliser avec le Slovène, d’autant que le coureur de la UAE sortait du Giro, qu’il a par ailleurs remporté plus qu’aisément. Il faudra donc accepter la domination de POGACAR sur ce Tour de France pour l’équiper néerlandaise, qui ne baisserait sans doute pas pour autant les bras si facilement. On devrait à nouveau les voir à l’attaque, sur une étape bien précise, dans les Alpes du Sud, vendredi ou samedi prochain… À suivre.
Le film de l’étape
Loin de nous cette époque où les échappées prenaient plus de 10 minutes d’avance sur le peloton, et pouvaient se jouer les victoires d’étapes sur le Tour de France… Ce temps est désormais révolu ! Bon, c’est peut-être sans doute un peu exagéré, mais quand on voit la physionomie de la course d’hier, on peut se poser des questions, et si nous nous en posons, alors que peuvent bien se dire les baroudeurs, qui n’ont pas eu tant d’opportunités que cela depuis le départ de ce Tour ? Seules trois sont arrivées au bout, et à chaque fois, c’est un Français qui s’est imposé : Romain BARDET à Rimini, Kévin VAUQUELIN à Bologne, et Anthony TURGIS à Troyes. Et au départ de cette 15ème étape, la question était tout à fait légitime, de savoir si une échappée pourrait aller au bout. D’autant que le départ de cette étape, longue de 197 kilomètres, présentait déjà une première difficulté, et pas des moindres : le col de Peyresourde. On y voyait dès les premiers hectomètres des sprinteurs en difficulté à l’arrière : DEMARRE, GAVIRIA, GROENEWEGEN, BOL, CAVENDISH… A l’avant du peloton, certains grimpeurs tentaient de se faire la malle pour créer une échappée le plus vite possible, mais les équipes des deux leaders au classement général ne l’entendaient pas de cette oreille, et on voyait surtout Matteo JORGENSON filtrer les attaques. Trois coureurs sont passés en tête avec une poignée de secondes d’avance : Romain BARDET, Oier LAZKANO et David GAUDU. Rattrapés à l’issue de la descente, et du début de la première étape de transition, un groupe de coureurs lâchés revenait ensuite de l’arrière, et, dans le même temps, l’échappée se formait à l’avant, un peu à la surprise générale, surtout sur un terrain pas forcément propice aux grimpeurs. Un groupe d’une vingtaine composait cette échappée, mais derrière, deux équipes n’étaient pas contentes : la dsm-firmenich PostNL, qui n’avait aucun représentant à l’avant, et la EF Education-EasyPost, qui n’avait pas placé ses meilleurs éléments dans l’échappée. L’écart n’a donc jamais dépassé la minute, et, au pied de la 2ème ascension, le col de Menté, Richard CARAPAZ, accompagné par d’autres coureurs qui avaient loupé le coche, partait pour tenter de boucher le trou. Ce fut chose faite pour l’Equatorien quelques kilomètres plus loin, qui rejoignait alors le restant de l’échappée, qui avait commencé à clairement s’écrémer, puisque certains non-grimpeurs ou équipiers d’autres coureurs avaient été distancés. La situation était similaire dans le col de Portet-d’Aspet, que les cyclistes enchaînaient, même si l’écart lui, avait considérablement baissé, proche de la minute au sommet de la troisième ascension de la journée. Mais il a par la suite, dans la longue, très longue portion de transition de près de 70 kilomètres, augmenté, pour s’approcher des quatre minutes au pied du col d’Agnes. Où, dans ce dernier, le groupe de tête se fragmentait complètement, à cause notamment d’une mauvaise entente. Au sommet, ils n’étaient plus que 4 : Jai HINDLEY (Red Bull – Bora – Hansgrohe), Enric MAS (Movistar), Laurens DE PLUS (Ineos-Grenadiers), rejoints à 2-3 kilomètres de la montée par Richard CARAPAZ, une nouvelle fois à contre-temps, piégé par la cassure plus tôt. Ils seront bientôt 5 au sommet du Port de Lers, qui suivait après une légère descente de ce col d’Agnes, puisque Tobias Halland JOHANNESSEN (Uno-X Mobility), avait fait l’effort dans cette descente pour revenir. Avec une avance de 2’30″ d’avance au pied de la dernière montée, les cinq hommes de tête pouvaient espérer se jouer la victoire, en comptant sur le fait que derrière, le groupe maillot jaune, plus constitué que d’une quinzaine de coureurs, ne s’attaque pas trop tôt. Mais deux facteurs n’ont pas joués dans le sens des échappées : premièrement, les coureurs de tête se sont attaqués trop tôt dans la montée, et deuxièmement, Matteo JORGENSON avait clairement accéléré dès le pied, et quelques kilomètres plus loin, Jonas VINGEGAARD lançait les hostilités des leaders, avant que Tadej POGACAR ne le contre, et ne lui colle plus d’une minute en 5km, pour aller chercher sa 3ème victoire d’étape sur ce Tour de France 2024, la 14ème en tout de sa carrière sur la Grande Boucle.
Plus de 3 minutes au classement général entre POGACAR et VINGEGAARD : le Tour de France est-il plié ?
C’est bien évidemment LA question qui va traverser les esprits, et animer toutes les discussions dans les jours qui viennent, jusqu’à sans aucun doute la prochaine étape de montagne, qui sera jeudi vendredi prochain : ce Tour de France 2024 est-il désormais plié ? Tadej POGACAR (UAE Team Emirates) va-t-il pouvoir réaliser le doublé Tour d’Italie-Tour de France, soit le premier à le faire depuis Marco PANTANI en 1998 ? En tout cas, le Slovène est actuellement très bien parti. Avec plus de trois minutes d’avance au classement général sur son rival danois Jonas VINGEGAARD (Visma – Lease a Bike), pas grand monde ne le voit revenir sur POGACAR. D’autant que le coureur de l’équipe néerlandaise a avoué la supériorité du leader du classement général : « Il (POGACAR) a montré à quel point il était fort. Je ne peux pas être déçu, c’est le contraire. Aujourd’hui, ça a été l’une de mes plus grandes performances probablement, et il me met une minute, donc félicitations à lui. Je n’ai plus rien à perdre ». Cela en dit long sur le changement d’état d’esprit que le danois a opté. Il sait qu’il est pour le moment moins fort que POGACAR, mais il pourrait suffire d’une seule journée « sans » comme on dit pour le Slovène, et que le Danois soit dans un grand jour, pour que le Tour bascule. On l’a bien vu l’an dernier lors de l’étape qui arrivait à Courchevel, et la terrible montée du col de la Loze. Il faudra donc voir quelle sera la tactique des équipes des deux armadas, la Visma – Lease a Bike et la UAE Team Emirates, dans les prochains jours, et ainsi voir si les échappés pourront avoir des bons de sortie dans les étapes de cette 3ème semaine.
Cliquez ici pour retrouver tous les classements à l’issue de cette 15ème étape.
CLASSEMENT DE LA 15E ÉTAPE DU TOUR DE FRANCE 2024 – DIMANCHE 14 JUILLET
Loudenvielle > Plateau de Beille
- Tadej Pogačar (SLO/UAE Team Emirates) : 5 h 13 min 55 s (B : 10 s)
- Jonas Vingegaard (DEN/Visma/Lease a Bike) : + 1 min 08 s (B : 6 s)
- Remco Evenepoel (BEL/Soudal Quick-Step) : + 2 min 51 s (B : 4 s)
- Mikel Landa (ESP/Soudal Quick-Step) : + 3 min 54 s
- Joao Almeida (POR/UAE Team Emirates) : + 4 min 43 s
Meilleur Français au classement général après la 15e étape
- Guillaume Martin (FRA/Cofidis), 16e : + 38 min 28 s