Reprendre des couleurs
Le 3ème match de poule du XV de France, ce jeudi 21 septembre à Marseille, n’entrera pas dans l’histoire par sa nouveauté. L’opposition entre les Bleus et la Namibie, aujourd’hui 21ème nation mondiale (derrière l’Espagne et devant le Chili), c’est du déjà vu. En Coupe du monde (1999 et 2007) comme en test matches (3 en 1990). 5 rencontres et autant de succès.
L’affiche ne brille pas non plus pour son suspense au vu des performances des Namibiens depuis le début de son mondial. Deux défaites contre l’Italie (52-8) et la Nouvelle-Zélande (71-3), résument l’affaire. La soirée marseillaise promet, a priori, aux Bleus le même genre de scénario, surtout après la bouillie de match proposée par les remplaçants contre l’Uruguay il y a une semaine. Elle a vexé le staff des Bleus et quelques cadres… Tant mieux.
Pour sentir l’ambiance de ce France-Namibie, il faut s’amuser à voir comment se comporte le XV tricolore quand il affronte des «petites» équipes. Cela dit beaucoup de la motivation. On a vu les Irlandais, les Sud-Africains ou les All Blacks faire peu cas d’une éventuelle retenue face aux plus faibles dans ce Mondial. Les Roumains ne diront pas le contraire. Et les Bleus?
Un entraîneur célèbre affirmait il y a quelques années que «plutôt d’évoquer le fait qu’il n’y a plus de petites équipes à chaque fois que l’une d’elles réussit une perf face à un «gros», on devrait dire qu’il n’y a peut-être plus de grandes équipes, celles qui ne tombent jamais dans le piège face à un adversaire beaucoup plus faible».
Regardons l’histoire récente du XV de France. Le rugby, par la nature de son engagement physique, prête peu aux surprises entre nations majeures et sélections plus faibles. Et pourtant… Les Bleus ont trébuché deux fois et ça a fait tâche.
Mai 1990, la France joue un test match à Auch contre la Roumanie. Sur le pré, les vice-champions du monde alignent Olivier Merle, Olivier Roumat, Abdelatif Benazzi, Emile Ntamack, Thierry Lacroix ou Philippe Saint-André. Et Philippe Sella, qui sera expulsé. Les Bleus sont battus 6-12. Consternation, humiliation. Trois mois et quelques revers supplémentaires, Jacques Fouroux, le sélectionneur démissionne.
Juin 1994, les Bleus sont de passage au Canada pour un test match à Ottawa avant de filer en Nouvelle-Zélande. Ils ont gagné le Tournoi en 1993, ils ont la force avec eux. Ils vont perdre 18-16. Les vaincus d’Auch sont encore là pour la plupart. Patatras! Une triste première pour le rugby français. Mais une claque peut aussi réveiller. Deux semaines plus tard, l’équipe de Pierre Berbizier gagne en Nouvelle-Zélande contre les Blacks à Christchurch 22-8) et récidive quelques jours après à Auckland (23-20). Le doublé est entré dans la légende et le camouflet au Canada remisé dans la petite histoire. Depuis, la France a parfois frôlé le piège mais n’est plus tombé. Après le bleu pâle face à l’Uruguay, voilà la Namibie. C’est le moment de reprendre des couleurs.