QUATRE QUARTS POUR SE RÉGALER
Un mois tout pile après l’ouverture du Mondial le 8 septembre au Stade de France avec un explosif France – Nouvelle-Zélande (27-13), la phase finale se refermait dimanche soir avec un insolite Fidji-Portugal à Toulouse. On guettait une petite douceur après quelques plats de résistance avalés en 39 matches. Surprise! Le 40ème a été rugissant avec la victoire renversante des joueurs de Patrice Lagisquet (24-23), l’un des exploits les plus phénoménaux de l’histoire de la Coupe du monde. On attendait la qualification quasi acquise des Fidji pour les quarts. Il suffisait d’un point aux hommes du Pacifique. Éblouissants contre les Gallois et les Australiens, ils ont été aveuglés par le XV lusitanien, 16ème nation mondiale. Jusqu’au bout, et l’essai vainqueur de Rodrigo Marta à la 78ème minute, le suspense a rebondi. Vive le rugby qui respecte l’envie, l’enjeu, l’enthousiasme. Les Fidji ont sauvé l’essentiel et leur point de bonus défensif qui les envoie poussivement en quarts. Les Portugais ont empoché le rôle d’hérault des des «petites» nations qui gagneront à grandir, comme le Chili ou l’Uruguay que l’on espère revoir en Australie dans quatre ans. Le rugby prend de l’ampleur? Vive l’ampleur!
Et maintenant place au grand huit final. Depuis que la Coupe du monde retient 20 équipes, c’est à dire 1999, l’exercice a rarement laissé la place à un grand suspense mais a su ménager ses surprises. En 2015, chez elle, l’Angleterre avait chuté en phase de poule. So british. Cet automne, l’Australie, hôte du prochain rendez-vous plantaire en 2027, a repris le rôle en trébuchant trop tôt. Pour la première fois depuis 1987, les Aussies ne verront pas les quarts, devancés in-extremis par les Fidjiens – à égalité de points mais au bénéfice du succès dans leur confrontation directe en poule.
Le constat reste implacable. Quand le niveau s’élève, seuls sont qui ont du coffre continuent de respirer. Pour la quatrième fois consécutive, les quarts de finale proposent un équilibre parfait entre les nations majeures de l’hémisphère nord et leurs rivales du Sud. Soit huit sélections du Top 10 mondial.
Le rugby international n’aime pas gaspiller. Irlande (n°1), France (2), Angleterre (6) et Pays de Galles (7) face respectivement à la Nouvelle Zélande (4), l’Afrique du Sud (3), Fidji (8) et Argentine (9), comment repousser l’idée que les choses sérieuses commencent maintenant, sans faire injure aux douze autres nations déjà reparties à la maison.
Le tirage au sort, hélas effectué il y a trois ans, laissait deviner des quarts de finale entre les élus de Poule A et Poule B comme autant de «finales avant la lettre» comme aiment le répéter les sélectionneurs ou les joueurs pour exorciser leurs angoisses.
Irlande – Nouvelle Zélande et France – Afrique du Sud, c’est le quatuor de tête mondial. Les quatre sélections ont surclassé le mois. Puissance, intensité, efficacité, tous les superlatifs ont balayé leurs adversaires dans des scores fleuves. Plus vite, plus fort, plus lourd. Et, le week-end prochain, les deux affrontements font déjà trembler la terre.
On s’arrête sur le CV Bleus, ce XV tricolore qui a fini en tête de sa poule. Ce n’était plus arrivé depuis 2003. 210 points marqués et 32 encaissés, ce sont aussi les meilleures scores depuis que le Mondial se joue à 20. Les statistiques ne font pas gagner les matches mais elles peuvent dire des vérités. La France, qui n’a plus joué en Coupe du monde contre l’Afrique du Sud depuis le déluge et l’énigmatique demi-finale de Durban en 1995 (défaite 19-15), sait compter. Le duel contre les champions du monde en titre est un signe du destin. «Quel que soit l’adversaire, ce sera une finale de Coupe du monde», confiait Fabien Galthié après le dernier succès contre l’Italie. Il est servi.
Les autres candidats au titre, comme l’Irlande, jamais récompensée au final et tant vantée, ont le même point de vue. L’Irlande, piétinant ses adversaires en poule, y a repoussé les Sud-Africains et a allongé sa série d’invincibilité à 17 matches. Une rencontre de moins que les recordmen néo-Zélandais et anglais (18). Les premiers, battus d’entrée par la France, ont retrouvé leur effectif au complet en même temps que leur énergie offensive. Gare à la marée noire face à la force verte. Les Anglais, toujours critiqués, ont été les premiers à se qualifier et, très pragmatiquement, ont aligné 4 succès dans leur poule. Sans grande adversité? Peut-être, mais le quart contre les Fidji (vainqueur surprise il y a deux mois en amical à Twickhenham) reste très ouvert. Enfin, sans faire de bruit, Gallois et Argentins suivent leur voie. A l’écart des chocs de géants sur la pelouse de Saint-Denis, leur opposition à Marseille délivre une place pour aller plus haut en demi-finale. Ca ne se refuse pas. Vivement ce week-end.
Le programme des quarts de finale de la coupe du monde rugby 2023
Samedi 14 octobre
Marseille, Stade vélodrome, 17 heures: Pays de Galles – Argentine
Saint-Denis, Stade de France, 21 heures: Irlande – Nouvelle Zélande en direct sur Radio Sports
Dimanche 15 octobre
Marseille, Stade vélodrome, 17 heures: Angleterre – Fidji
Saint-Denis, Stade de France, 21 heures: France – Afrique du Sud en direct sur Radio Sports