Le coup de gueule de Jean-Louis Filc
C’est le coup de gueule du jour de notre expert Jean-Louis Filc: « Bonjour ma colère, Salut ma hargne, et mon courroux coucou ! »
Ce qui s’est passé hier est absurde. Certes il y a un règlement, tout le monde le sait, moi y compris, mais un règlement, s’il s’applique doit aussi s’accompagner d’un jugement qui lui s’interprète ! Avec intelligence ! Je dis cela parce qu’hier le prix du plus combatif a été attribué à Wout Poels, un coureur qui se trouve en queue de peloton depuis Nice avec une côte cassée… Ça c’est une décision sportive, belle, intelligente. Mais mettre Alaphilippe en carafe pour un bidon, pardonnez-moi le raccourci mais c’est très con !
Car jugez-en messieurs les jurés !
- Alaphilippe a-t-il mis en danger d’autres coureurs ? NON
- A-t-il faussé la fin de course ? NON
- A-t-il bénéficié d’aide extérieure susceptible de l’aider à gagner la course de façon illicite ? NON
Alors je dis Alaphilippe fautif oui sans doute ! Coupable non !
Par parenthèse, le soigneur assistant qui a tendu le bidon mérite une palme, avec citation et quelques baffes en prime (je referme la parenthèse à cause des courants d’air).
Bref hier dans une étape aussi ennuyeuse qu’une préface de Marguerite Duras, où j’ai plus appris d’ailleurs sur la culture de l’olive en Drôme Provençale qu’en science du vélo ; des commissaires par une décision sans jugeote, on fait d’une étape de transition un sommet de ridicule. Ce qui, me direz-vous, donne du relief à cette journée où les coureurs pour la première fois depuis Nice mettaient vraiment les pieds dans le plat, et leurs nougats à Montélimar.
Ce qui est plus grave c’est que ce tour de France qui avance masqué n’avait sans doute pas besoin de cette décision idiote. Alaphilippe a fait une bêtise ; collez-lui une amende, faites-lui les cornes, mais ne faites pas marron un maillot jaune (qu’il soit français ou pas) pour une pareille bévue.
Alors me voilà désarçonné, j’attendais comme vous tous avec gourmandise cet épisode Cévenol, qui nous promettait orage et des espoirs dans le peloton, et je me retrouve aigri et boudeur.
Que fera Julian aujourd’hui ? Sera-t-il en colère et roulera-t-il en protestant dans les Cévennes, ce qui serait dans le fil de l’histoire, ou alors restera-t-il passif et abattu en se disant en son fort intérieur, « Je suis désormais en roue libre, car vous ne me méritez pas ! »
Si j’avais aujourd’hui comme par le passé un billet à écrire, je dirais : « Messieurs les commissaires, vous m’avez déçu, moi et tous les sportifs » et je l’intitulerai « Désormais, tout lui est Aigoual ! »
Jean-Louis Filc