A TA SANTÉ #1 – Les fourmis dans les mains
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Est-ce grave ? A quoi sont-elles dues ? Comment les éviter ?
Nombreux sont les cyclistes, qui se plaignent de ressentir des sensations désagréables, des fourmis dans les mains ou bien d’avoir leurs doigts voire leurs mains engourdis… Cela survient, le plus souvent, après de longues sorties vélo par exemple mais peut parfois se déclencher après plusieurs dizaines de minutes seulement.
Si ces « paresthésies » (en langage médical) ne sont, en général, pas graves, elles sont sources d’inconfort et peuvent, si la sortie se prolonge, venir perturber votre pratique: vous avez du mal à changer les vitesses, voire à freiner… ce qui naturellement est problématique en terme de sécurité!
Alors qu’est-ce que ces fourmis dans les mains?
Ces « fourmis » sont des troubles de la sensibilité qui se traduisent, par des fourmillements, des picotements, des sensations d’engourdissement, voire d’enraidissement, parfois aussi de peau cartonnée, ou encore des troubles thermiques.
Est-ce grave ?
En règle général, il n’est question que d’une irritation voire d’une compression d’une branche d’un des nerfs sensitifs qui irriguent la main et non d’une mauvaise circulation artérielle (qui se manifeste par des doigts blancs ou « morts ») ou veineuse (dont les symptômes sont des doigts oedématiés), voire d’un problème qui serait neurologique (sauf naturellement si un problème neurologique est déjà identifié au quel cas, il est préférable de consulter son médecin). En fait ces fourmillements s’expliquent par l’innervation de la main et la position que les cyclistes ont lorsqu’ils roulent. Concrètement, trois nerfs se partagent l’innervation de la main et délimitent des zones bien précises, que ce soit au niveau de la face dorsale de la main, ou de la paume de la main.
Au niveau de la paume:
– le Nerf Cubital ou Ulnaire donne la sensibilité du 5ème doigt et la moitié du 4°
– le Nerf MEDIAN donne la sensibilité des trois premiers doigts et la moitié restante du 4°,
Au niveau de la face dorsale de la main:
– Le nerf RADIAL, il donne, principalement l’innervation du pouce, du 2°doigt et de la moitié du 3°.
On notera d’ailleurs que les fourmillements sont, la majorité du temps, ressentis dans le quatrième et le cinquième doigt et plus rarement au niveau du pouce, de l’index et du majeur.
Donc comment les expliquer?
Pour simplifier, disons que ces sensations sont principalement causées par une pression prolongée les différents territoires nerveux énumérés plus haut généralement dues à une mauvaise posture ou à une mauvaise position des mains sur le guidon. Il peut y avoir une déviation ulnaire (torsion du poignet dans l’axe latéral), ou une torsion du poignet vers le haut (on parlera d’extension dorsale)
Quelques conseils pour les atténuer voire les éviter?
Vous avez certainement essayé de trouver des solutions pour atténuer voire faire disparaitre ces symptômes. Vous avez probablement pensé à lâcher le cintre et secouer vos mains vers le bas, éventuellement masser vos mains et vos doigts, … ce qui, il est vrai apporte un soulagement… malheureusement il n’est que de quelques minutes et il faut réitérer l’opération régulièrement, sans compter que si vous le faites en roulant cela peut s’avérer dangereux.
Donc quelques conseils…
- Essayez de ne pas « casser votre poignet », et faire que votre poignet forme un axe avec votre bras (essayer de maintenir le poignet dans le prolongement de l’avant-bras)
- Variez le plus souvent possible la position de vos mains sur le guidon (penser par exemple au guidon trois positions)
- Utilisez des gants avec des protections renforcées, renforcez éventuellement la guidoline.
- Si cela ne suffit pas, il faut alors revoir votre posture sur le vélo et notamment la position de votre selle. En effet suivant le positionnement de votre selle, le poids de votre corps peut être trop supporté par vos mains, notamment quand celle-ci est trop haute par exemple. Il convient alors d’ajuster la selle au mieux
- Réajustez votre guidon, également, celui-ci ne devant être ni trop large ni trop étroit afin de maintenir l’axe poignet/bras que nous évoquions tout à l’heure. La largeur de votre guidon doit être égale ou légèrement supérieure à la largeur de vos épaules.
Maintenant, il arrive que même en corrigeant votre positionnement ou votre technique, les symptômes persistent.
Un avis médical s’impose car la persistance de ces troubles va nécessiter une investigation plus importante afin d’écarter tout diagnostique plus sévère, ou un diagnostique de compression qu’on pourrait qualifier de « mécanique » comme une compression du nerf médian au niveau du poignet (syndrome du canal carpien), plus rarement du cubital (syndrome du Guyon), ou encore du cubital au coude (gouttière épitrochléo-olécranienne). Selon le diagnostic, le médecin pourra préconiser une immobilisation du poignet par le port d’une orthèse afin de maintenir l’articulation du poignet (syndrome du canal carpien), des traitements symptomatiques, des infiltrations et dans certains cas des interventions chirurgicale dite de décompression (canal carpien et canal de Guyon) ou de neurolyse (cubital au coude).
Informations supplémentaires
Syndrome du canal carpien
Dans le cas du syndrome du canal carpien, le canal du nerf se resserre (le plus souvent à cause d’un mauvais positionnement permanent du bras et de la main). En se resserrant, le canal compresse les fibres nerveuses à l’intérieur (nerf médian). Les symptômes (fourmillements, engourdissement voire douleurs) apparaissent d’abord parfois même jusqu’à l’épaule. Si les symptômes d’engourdissement des doigts persistent pendant la nuit, c’est un signe supplémentaire indiquant un probable syndrome du canal carpien.
Signe de Tinel
Le signe de Tinel est un test clinique généralement utilisé dans le cadre di diagnostic du syndrome du canal carpien. Il consiste à tapoter le long de la distribution du nerf affecté. Lors de l’examen clinique, votre médecin vous examine, il appuie ou tapote à la base du poignet (face palmaire), à l’endroit où le nerf est irrité. Par ce tapotement, il cherche à reproduire (ou non) les symptômes que vous ressentez à vélo. Le test est considéré comme positif en cas de reproduction des dits symptômes dans le pouce, l’index, le majeur et/ou la moitié médiale de l’annulaire.
Signe ou test de Phalen
Il s’agit également d’un test clinique qui permet de rechercher et confirmer une compression du nerf médian dans le canal carpien. Le patient est assis, le thérapeute lui demande de joindre ses deux mains en position de prière en fléchissant les coudes et en les levant de manière à placer les poignets en extension complète mais non forcée. Les épaules du patient sont relâchées. Le patient doit maintenir cette position 1 minute. Le thérapeute peut également demander au patient de joindre ses mains en position inverse, ie dos à dos en hyperflexion. Le test sera considéré comme en faveur d’un syndrome du canal carpien si la douleur et/ou les symptômes sont reproduits par le test.
Névralgie cervico-brachiale/ syndrome de sommation
Chez le cycliste, il est assez fréquent qu’une névralgie cervico- brachiale (ou NCB), du fait de la posture prolongée en hyperextension du cou qui peut développer une hernie ou de l’arthrose cervicale et donc coincer le nerf au niveau du cou, soit associée (ou non) à un syndrome du canal carpien. Dans ce cas, la douleur engendrée par le syndrome du canal carpien est accentuée. On parle donc de syndrome de sommation quand il existe 2 points de contraintes.Il est alors préconisé de réaliser un electromyogramme qui va permettre de déterminer les endroits précis de compression. La névralgie cervico brachiale est une douleur neurologique qui part du cou (rachis cervical) et qui décrit un trajet douloureux précis dans le bras, l’avant-bras pour se terminer dans un ou plusieurs doigts de la main. Elle est souvent invalidante, à type de brûlure, d’électricité, des troubles de la sensibilité (fourmillements…) peuvent être également rencontrés. Parfois, il s’y associe une douleur entre les omoplates (comme un coup de poignard). L’examen du cou par votre médecin est donc tout à fait normal
Syndrome de la loge de Guyon
Syndrome canalaire, le syndrome de la loge de Guyon représente les symptômes cliniques de la compression du nerf cubital ou ulnaire dans le canal de Guyon sur la face interne du poignet. Les cyclistes sont très souvent sujets à une compression du nerf responsable du syndrome de la Loge de Guyon, qui équivaut cliniquement au syndrome du canal carpien mais qui concerne le 5ème doigt.
Syndrome de la gouttière épitrochléo olécranienne
Dans le cas du syndrome de la gouttière épitrochléo-olécranienne, le problème se situe au niveau du coude. En effet, une mauvaise position fréquente voire permanente du bras peut également entraîner une atteinte du nerf ulnaire au niveau de son passage dans fente du coude appelée gouttière épitrochléo-olécranienne. La région nerveuse autour de cette région est particulièrement sensible, car la gouttière épitrochléo-olécrânienne est très légèrement entourée et protégée par du tissu conjonctif. Dès-lors, si le coude est plié trop longtemps le tunnel du nerf est resserré et compresse par conséquent le nerf ulnaire. Le patient souffre d’engourdissement et de douleurs sur le dos de la main, l’annulaire et l’auriculaire.
Marie Do rdvsoindevous@gmail.com